Evènement

Fête des possibles : une pièce interactive sur l’eau

Nous avons donc rejoué notre pièce sur l’eau avec cette fois-ci la possibilité pour le public que d’intervenir en venant jouer l’un des rôles ; l’agriculteur, l’écolo, la citoyenne ou encore l’élue.

Les échanges ont permis de constater la prise de conscience de l’enjeu qu’est dorénavant une gestion précise et attentionnée de l’eau. Nous pensons que ce sujet doit donner lieu à de prochaines étapes, telle qu’une soirée dédiée à ce thème à l’automne qui permettra de préparer une organisation collective plus précise.

Voici le texte de cette pièce :

Scenario pour le 3/06/2023 – Fête des Possibles – Au vélodrome de l’Isle-Jourdain.

Plusieurs personnes quittent la mairie. Ils ont participé à une soirée organisée par la municipalité concernant l’eau. Deux scientifiques ont présenté les derniers résultats de leur recherches concernant la qualité de l’eau et de sa probable disponibilité bien moindre dans l’avenir. Après cette présentation scientifique les citoyens ont eu la possibilité de poser des questions aux scientifiques et aux représentants de l’administration, de la chambre de l’agriculture et de Greenpeace.

Les personnages :

Sandrine:

Adjointe au maire et responsable pour l’environnement et donc pour toutes les questions autour de l’eau. Elle est également, en tant que représentante de la Communauté de Communes, membre du SAGE, Schéma d’Aménagement et Gestion de l’Eau. Elle connaît bien la situation concernant l’eau et sait qu’il ne reste plus beaucoup de temps avant que des coupures d’eau soient nécessaires. C’est pour cette raison qu’il lui tient beaucoup à cœur de mettre tous les intéressés autour d’une table et pour que le plus grand nombre soutienne les douloureuses décisions à venir. Elle est également depuis assez longtemps engagée dans la politique pour savoir que ce sera une mission extrêmement difficile, peut-être même impossible. C’est la raison pour laquelle elle a organisé cette soirée comme première étape.

Michel:

Agriculteur ; 95 ha de terre ; la plupart en céréales : la moitié est pour la vente et avec l’autre moitié il nourrit ses deux mille canards. Il est venu à cette soirée parce qu’il a bien conscience que quelque chose doit aussi changer dans son travail mais il ne voit pas du tout par quel bout commencer. Il ressent une énorme pression financière et ne voit pas comment entamer une transition sans mettre son exploitation en péril. Il se sent en tant qu’agriculteur désigné par des organisations écologistes comme unique responsable et il est convaincu qu’ils connaissent au fond très peu la réalité agricole.

Marie:

Elle a une très bonne situation économique et sociale. Elle habite avec son mari et leurs deux enfants une maison que son mari et elle ont rénovée. Dans leurs vies de tous les jours ils font beaucoup attention aux questions de l’environnement, ils trient scrupuleusement, ils sont végétariens, ils ont deux voitures mais la plus grosse est électrique. En plus ils ont fait enterrer un récupérateur d’eau de 2000 litres dont ils se servent pour le jardin et les toilettes. Mais ça ne suffit quand même pas pour remplir leur piscine.

Paul:

Très engagé avec Greenpeace mais aussi avec une association locale qui travaille sur la problématique de l’eau. Il a une conscience aiguë sur l’environnement et imprègne toute sa vie. Il mange végane, ne possède pas de voiture, prend le vélo ou les transports publics pour ses déplacements et refuse de prendre l’avion. Ce qui le met surtout en rage est le sentiment que la politique, mais aussi la plupart des gens, se déclarent tous concernés par l’urgence climatique mais que ce soient des déclarations seulement du bout des lèvres sans en tirer toutes les conséquences nécessaires. Pour lui tout le monde met la tête dans le sable pour ne pas voir la catastrophe qui vient.

Sandrine et Michel sortent de la réunion.

Michel : Alors je sais maintenant qu’on aura un été difficile, que la situation est grave et ça me choque énormément. Dis-moi, t’as dû être en courant quand même d’un tel désastre ? Pourquoi tu n’as jamais parlé aux citoyens de la gravité de la situation. J’espère que t’as bien conscience d’où sont les priorités ? Sans eau pas d’agriculture et sans agriculture pas de nourriture.

Sandrine : Souviens toi, j’ai déjà mentionné à plusieurs reprises aussi bien avec toi qu’avec d’autres que tout le monde, et donc aussi l’agriculture, va être obligé de réfléchir à une nouvelle utilisation de l’eau. Qu’est-que tu crois ? Nous sommes en train de le faire avec le futur SAGE auquel participent plusieurs personnes du monde agricole. C’est quand même aussi à eux de te tenir au courant et d’entamer une réflexion sur l’utilisation de l’eau. On doit tous vraiment commencer à réfléchir sur nos pratiques. Les temps où l’agriculture utilisait l’eau sans compter sont définitivement résolus.

Michel : Holla, holla doucement ma chère ! N’oublie pas avec quelles voix vous avez toujours pu compter jusqu’à aujourd’hui pour être élus. Vous nous devez quelque chose.

A ce moment une autre femme et un homme rejoignent les deux discutants.

Paul: Il me semble que maintenant il est devenu évident, même pour le dernier interlocuteur, que quelque chose doit vraiment changer. À partir de ce soir personne dans la ville et les environs peut continuer de nous accuser de catastrophisme. Il est temps que la politique prenne les mesures nécessaires à la hauteur de la problématique et n’essaye plus de se contenter de quelques mesurettes pour épargner ceux qui donnent leur voix. Çà vaut particulièrement en ce qui concerne le monde agricole.

Michel : Ça suffit. Je sais bien, que les choses doivent changer, qu’est-que tu crois ? Pourquoi je suis venu ce soir. Mais vos méthodes radicales ne fonctionnent pas. J’ai une exploitation à faire marcher, je ne peux pas me permettre des expérimentations hasardeuses. Je dois produire assez pour rentrer dans mes frais et faire vivre ma famille. Vous avez si facilement des réponses pour tout … et le pire est que vous ayez trouvé en nous un bouc-émissaire parfait sur qui taper. Mais le changement climatique ce n’est pas moi qui est à l’origine. Il y en a bien d’autres.

Paul : Et voilà, qu’est-que je dis ? Incapable d’accepter les réalités. Vous comprendrez seulement quand il vous restera que de la poussière dans vos champs.

Marie : Bon ça va ! Il est temps que vous descendiez de vos chevaux. Çà nous apporte rien. Ce qu’il faut maintenant est une discussion sereine où tous les faits doivent être mis sur la table, pour que nous tous puissions chercher des solutions efficaces.

Michel : Tout à fait ! Je trouve que nous tous, toutes les citoyens, nous nous trouvons dans le même bateau et que chacun doit d’abord balayer devant sa propre porte.

Marie : Exact! Je suis d’accord. Il n’apporte rien de s’accuser mutuellement d’être responsable pour les erreurs du passé.

Michel : Je suis entièrement d’accord

Marie : Nous devons tous réfléchir à la manière dont chacun et chacune peut contribuer à sa manière pour gérer les problèmes qui sont devant nous.

Elle s’adresse à Sandrine : Évidement l’actuelle administration aurait dû déjà commencer plus tôt à sensibiliser les citoyen.nes aux problèmes de l’eau et proposer des mesures praticables pour le comment les ménages peuvent épargner l’eau.

Sandrine: Alors la ! Qu’est ce que cette remarque ? Qui a organisé cette soirée en plus…

Marie l’interrompt : Je peux donner un exemple. Quand nous avons acheté la maison c’était évident pour mon mari et moi que la rénovation se ferait selon des principes écologiques et bien évidement la question de l’eau et son utilisation raisonnée serait un point important. Nous avons donc enterrée un récupérateur d’eau de 2000 litres pour capter l’eau de la pluie. Ainsi nous arrosons notre jardin et nous utilisons cette eau également pour les toilettes. Car quand je pense à quelle quantité d’eau auparavant a était traitée pour la rendre buvable mais qui passe par les toilettes…. Malheureusement il nous manque toujours pour notre piscine.

Paul: Pardon, vous avez une piscine? J’hallucine.

Marie: Eh bien! Nos enfants voulaient absolument une piscine, puisque nous avons une nouvelle maison avec un grand terrain. C’est quand même un peu compréhensible, non ?

Paul: C’est incroyable! Vous nous tenez ici un sermon concernant votre comportement soi-disant si écologique et çà ne vous gêne pas de tout de gaspiller autant d’eau du robinet pour une piscine ?

Marie: Alors si tout le monde vivait aussi écologiquement que nous, notre situation globale serait bien meilleure aujourd’hui et la vie doit quand même réserver pour tout le monde quelques petits plaisirs.

Paul: Et qu’est-ce que vous allez faire le jour de l’interdiction de remplir des piscines ? Notre association réclame déjà depuis plusieurs années que la construction d’une piscine soit interdite.

Marie: Je ne vois pas du tout pourquoi on doit tout interdire. Pour quoi ne pas faire confiance aux gens s’ils sont capables d’agir avec responsabilité ?

Paul: Laissez-moi finir ma phrase. On demande que la construction d’une piscine ne soit possible que si l’eau ne vient pas du robinet ni de la nappe phréatique.

Michel: C’est sûr avec toute cette eau gaspillée dans ces piscines je pourrais arroser mes champs pendant tout l’été.

Paul: Alors en ce qui concerne le gaspillage vous devriez vous taire: vous savez quelle énorme quantité d’eau s’évapore chaque jour de vos champs quand vous arrosez en plein soleil votre maïs?

Michel: Est-ce que tu sais ce qui va se passer si moi et les autres agriculteurs n’arrosent pas ? Plus rien à manger.

Sandrine: Et voilà, regardez ; nous sommes encore arrivés à ce point où chacun rejette la faute sur l’autre. Ça sert à quoi mon dieu? Nous sommes tous responsables. Toi Sandrine t’est un bon exemple pour cela. Et Michel, évidement qu’on doit parler des pratiques agricoles plus raisonnées. Et Paul qu’est-ce-que tu crois que les gens vont dire, quand on commencera à tout interdire sans demander leurs avis. Il faut une bonne dose de pédagogie si on veut que les gens suivent. Cela ne peut pas venir tout bêtement d’en haut.

Michel: Alors là, je dirais on commence d’abord tout simplement à expliquer pédagogiquement aux gens comment fonctionne l’agriculture et que sans une agriculture productiviste ils n’ont rien à manger.

Paul: Cela dépend bien de quelle agriculture q

on parle et toi Sandrine tu prends les gens apparemment pour des imbéciles. Tu crois vraiment qu’ils ne sont pas capables d’entendre la vérité ?

Marie: Quelle vérité? La vôtre peut-être?

Michel: Évidement! Ces intégristes de la nature sont en possession de la vérité.

Paul: Non ! il s’agit pas de ma vérité mais de celle que vous avez entendu ce soir par les scientifiques. Mais même celle-là vous ne la voulez pas l’entendre.

Sandrine: Mais arrêtez! Ils ont présenté des faits c’est sûr, et ces faits sont importants . C’est la raison pour laquelle j’ai organisé ça. Maintenant il faut aller plus loin. Mais si le résultat est ce qu’il se passe maintenant entre nous alors je ne sais plus quoi faire.

Paul: Mais qu’est-ce que tu veux encore ? Si les faits sont là….

Marie: Je ne comprends pas non plus pourquoi ça finit toujours en bagarre. Si nous quatre sommes venus à cette soirée c’est parce-qu’on n a bien conscience que quelque chose doit changer. Bon sang Paul est-ce que tu crois vraiment que ton point de vue et ta manière de vivre sont les seules possibilités ? Partout on nous dit que la situation est alarmante et quand finalement on fait quelque chose il reste toujours le sentiment que ce n’est pas assez. On se sent vraiment seul et sans espoir.

Michel: Avec ça je suis d’accord. Bonsoir tout le monde!